- Pourquoi connaître le nom d’une plante ?
- Qu’est-ce que le nom complet d’une plante ?
- Les cultivars
- Les sous-espèces
- En résumé
Lorsque j’achète une plante, je suis très attaché à en connaître le nom complet. Qu’est-ce que le nom complet d’une plante ? Et pourquoi est-il aussi important de le connaître ? C’est le double objet de cet article.
Pourquoi connaître le nom d’une plante ?
Il m’est arrivé de trouver sur des étals des godets ou des pots avec pour seule et unique étiquette “Succulente” ou même, comble du comble, “Plante verte” ! Avec ça, nous voilà bien fixés sur le nom de la plante que nous achetons. Si, lors d’une fête des plantes, je demande au pépiniériste le nom d’une plante que j’ai envie d’acheter, et qu’il n’est pas en mesure de me répondre (c’est très rare), je passe mon chemin, car ce n’est pas un vrai professionnel.
Certes, s’il s’agit d’acheter une plante bien connue, type pensée, primevère, pâquerette, on peut se dire : à quoi bon en savoir plus ? Je suis d’accord. Et pourtant, figurez-vous que, par exemple pour les primevères, dans l’Encyclopédie Larousse des 15000 plantes et fleurs de jardin, il est donné 6 groupes de culture différents selon les espèces de primevères.
Connaître le nom précis de la plante a donc cette première utilité essentielle : connaître son mode de culture. La main verte, je ne sais pas trop ce que c’est. Je n’y crois pas. Sauf à dire qu’avoir la main verte, c’est tout simplement prodiguer à chaque plante, les soins spécifiques qui lui conviennent, à la fréquence utile. Or certaines ont besoin de soleil, d’autres de l’ombre, de terre acide, ou de sol argileux ou bien drainé, certaines d’un arrosage fréquent, d’autres pas du tout … Traiter toutes les plantes de la même façon c’est inévitablement les condamner tôt ou tard. Il faut donc connaître les besoins propres à chaque type de plante. Trouver cela n’est guère difficile actuellement avec les ouvrages sur le jardinage ou avec Internet. Mais dans tous les cas, la clé d’entrée pour trouver l’information, c’est le nom de la plante.
Connaître le nom précis de la plante, c’est aussi savoir par avance quelles vont être ses caractéristiques : date de floraison, couleur, remontance ou non, dimension … Prenez l’exemple simple des rosiers : certes, ce sont tous des rosiers qui donnent tous des roses, mais entre le rosier ‘Kew Rambler’ qui va faire 5 m de haut avec des fleurs roses et le rosier ‘Kent’ qui va faire 50 cm avec des fleurs blanches, il y a quand même quelques différences qu’il est bon de connaître au départ. Pour les rosiers, certes, les principales caractéristiques de hauteur et de couleur sont, en général, bien indiquées sur le pot, mais ce n’est pas toujours le cas de toutes les espèces et il existe bien d’autres caractéristiques intéressantes qu’on ne peut retrouver qu’avec le nom complet de la plante.
Enfin, pour les visiteurs des Jardins du Gué qui nous demandent le nom d’une plante, c’est la moindre des choses de leur en donner le nom très exact afin qu’ils puissent se la procurer sans erreur s’ils le souhaitent.
Qu’est-ce que le nom complet d’une plante ?
Pour faire simple, le nom complet d’une plante est constitué le plus souvent, et au minimum, de deux mots : le nom du Genre et une épithète désignant l’espèce à l’intérieur du Genre, tous deux latinisés.
Exemple : Prunus domestica.
– Prunus est le nom du Genre. Le Genre Prunus comprend plus de 200 espèces. Donc, on voit qu’en rester là serait bien trop imprécis et ne permettrait pas de bien identifier la plante.
– domestica est le nom de l’une des espèces de Prunus. Le mot domestica ne suffit pas non plus, à lui seul, pour désigner la plante, car il existe aussi un Malus domestica, un Nandina domestica, un Sorbus domestica …
Il n’existe, par contre, qu’une seule plante qui a pour nom botanique (ou scientifique) Prunus domestica, et cette appellation est valable dans le monde entier. Ce dispositif constitué du nom du Genre suivi d’un qualificatif propre à l’espèce a été initié par Linné, botaniste suédois, en 1753. C’est ce que les botanistes appellent le binôme Linnéen ou la nomenclature binomiale. C’est un peu comme le Nom et le prénom, sauf qu’en botanique, il ne peut pas y avoir deux plantes portant la même appellation binomiale, alors qu’il est assez fréquent de trouver plusieurs personnes portant les mêmes nom et prénom.
En fait, le Prunus domestica, c’est dans notre langage courant le prunier. Alors pourquoi ne pas l’appeler tout simplement prunier ? C’est évident, dans le langage de tous les jours, c’est le terme prunier qu’on va utiliser. C’est ce qu’on appelle le nom vernaculaire, c’est-à-dire le nom local en langage courant. Mais ce n’est qu’un nom local (c’est-à-dire utilisé en France ou en pays francophones). En Grande-Bretagne, on dira “plum tree”, en Espagne, “ciruelo”, en Italie, “prugna” et en Norvège, “plomme”, tandis que les botanistes français, espagnols, italiens et norvégiens utiliseront tous le même vocabulaire : Prunus domestica. Le nom Prunus domestica est donc beaucoup plus universel que le nom Prunier. Si vous connaissez le nom botanique des plantes, et si vous visitez des jardins dans le monde entier, vous ne serez jamais gênés par un problème de langue. La langue des botanistes est la même partout.
L’autre grand avantage du nom botanique par rapport au nom vernaculaire c’est d’éviter les confusions. J’ai expliqué dans un autre article que l’expression vernaculaire “Corbeille d’argent“, par exemple, pouvait désigner au moins 3 plantes tout à fait différentes. Ce risque de confusion n’est pas possible avec le nom botanique, car, comme indiqué précédemment, il ne peut correspondre qu’à une seule espèce de plante.
Le nom botanique s’écrit en respectant des règles typographiques précises : il est toujours en italique, le nom du Genre commence toujours par une majuscule, le nom de l’espèce commence toujours par une minuscule.
Pour être complet, je dois ajouter que le nom scientifique est constitué du binôme Linnéen tel que décrit ci-dessus suivi de l’auteur, c’est-à-dire du nom du ou des botanistes ayant publié cette plante (le plus souvent abrégé selon des règles précises). Exemple : Thymus serpyllum L. (L. est l’abréviation de Linné qui le premier a publié la description du thym serpolet.
Les cultivars
A partir de notre Prunus domestica (prunier), les horticulteurs et pépiniéristes ont progressivement développé des variétés horticoles, soit par hybridation, soit par sélection de variantes accidentelles (dites chimères), soit par d’autres techniques diverses dont le but est toujours d’obtenir des plantes mieux adaptées à la pratique horticole ou aux attentes du consommateur. Ces variétés horticoles, appartenant toutes à l’espèce Prunus domestica, s’appellent des cultivars (comme variété cultivée).
Le nom des cultivars n’est jamais un nom latinisé. Il est écrit entre guillemets simples et commence toujours par une majuscule.
Par exemple : Prunus domestica ‘Mirabelle de Nancy’ ou Prunus domestica ‘Reine-Claude dorée’. Prunus domestica est l’espèce type et ‘Mirabelle de Nancy’ ou ‘Reine-Claude dorée’ sont deux variétés de cette espèce. Le nom complet sera donc constitué, dans ce dernier cas, du binôme Linnéen (Prunus domestica) et du nom du cultivar (‘Reine-Claude dorée’).
Les sous-espèces
La nature est riche de diversité et d’adaptation. C’est pourquoi, dans certaines espèces, on constate des variantes adaptées à telle zone géographique ou à tel milieu écologique. On leur donne alors le rang de sous-espèces, signalées par la mention subsp. ou ssp. (abréviation du latin subspecies = sous-espèce). Exemple : Acer cappadocicum ssp. lobelli
Si ces variantes sont constatées dans le même milieu naturel, on les désigne alors par le nom de variétés, signalées par la mention var. Exemple : Acer negundo var. violaceum. Les différences entre les variétés sont moins importantes que celles entre les sous-espèces. Attention, ne pas confondre ces variétés botaniques naturelles, avec les variétés horticoles résultant de l’intervention de l’homme (cultivar).
Enfin, lorsque la variante ne concerne qu’un détail ou une couleur, on la désigne par le terme de forme, signalée par la mention f. Exemple : Acer pseudoplatanus f. erythrocarpum.
En résumé
Le nom complet sera tantôt constitué :
- du seul binôme Linnéen : Prunus incisa.
- du binôme, plus le nom du cultivar : Prunus domestica ‘Mirabelle de Nancy’
- du binôme, plus la sous-espèce : Acer cappadocicum ssp. lobelli
- du binôme, plus la variété : Acer negundo var. violaceum
- du binôme, plus la forme : Acer pseudoplatanus f. erythrocarpum.
- et parfois, du binôme, plus la sous-espèce, ou la variété, ou la forme, plus le nom du cultivar : Acer palmatum var. heptalobum ‘Rubrum’.
Il faudrait ajouter à cela, pour les puristes, le nom de l’auteur, comme indiqué plus avant. Exemple Acer negundo var. texana Pax
Bonjour,
Je découvre votre site et moi qui essaye d’apprendre des bases de botaniques, je le trouve excellent ! Très pédagogique (ce qui est encore trop rare ds ce domaine) et sérieux.
Je le garde en référence !
Et en profite pr vous remercier pour tout ces partages.
Quand est-il pour une sous espèce qui double de nom d’espèce ? Comment explique t-on cela ???
Exemples : Myosotis ramosissima Rochel subsp ramosissima, Narcissus poeticus L. subsp poeticus …
C’est ce qu’on appelle une sous-espèce. En effet, dans une même espèce, on peut trouver des variantes selon les régions, les conditions de culture… Ces variantes botaniques sont alors désignées par un nom complémentaire au nom d’espèce introduit par l’abréviation subsp. qui est l’abréviation de subspecies, signifiant sous-espèce en latin.
BONJOUR,
Nicolas vous a t-il communiqué son site ?
Merci
Mon site n’est pas encore fait ( au début seulement… ).
D’ici le moi de Juin 2011 il sera effectif. Il sera dédié à la beauté des fleurs, des plantes et des champignons. J’ai tellement de photos de ces petites merveilles que j’ai décidé de les faire partager. Et en attendant je me documente sur le nom des fleurs justement. Et là : PAF ! je tombe sur ce site génial ! Je ne manquerais pas de faire un lien. J’apprend énormément c’est captivant, sérieux, complet, génial quoi !
Juste un petit supplément quand à l’avantage de bien connaitre le nom des plantes : c’est d’autant plus important qu’une petite partie des plantes est utilisée à des fins médicales (ou médicinales ?). Il ne s’agit pas de se tromper de fumeterre par exemple pour faciliter une digestion difficile (fumaria officinalis) avec une autre espèce de fumaria. Le problème des plantes médicinales étant qu’elles ont des effets plus ou moins efficaces mais qu’en revanche lorsqu’elles sont toxiques elles le sont souvent de manière redoutable telle que la digitale (Digitalis purpurea) qui bien que mortelle peut être utilisée par un expert pour améliorer la tonicité cardiaque ou bien l’herbe à verrue (cette dernière pouvant soigner des verrues est pleine d’alcaloïdes : un vrai poison). On ne joue pas avec ça ! Je trouve d’ailleurs certains sites peu scrupuleux à cet égard donc attention.
Bref pour en revenir à votre site : superbe !
Merci pour ces commentaires trop élogieux. Ne manquez pas de nous signaler votre site le moment venu.
Et tout à fait d’accord sur l’argument plantes médicinales que je n’avais pas cité, mais qui est vital !