You are currently viewing Les carences ou excès

Les plantes n’ont certes pas la parole, mais elles nous alertent néanmoins lorsque quelque chose leur manque ou ne va pas. Si nous savons le voir à temps et si nous savons comprendre leur message, ce qui n’est pas toujours simple, il faut l’avouer, nous pouvons dans la très grande majorité des cas y remédier avant que leur survie ne soit compromise.

Voici 12 cas de figure avec leurs solutions :

NB : vous pouvez aussi vous reporter à deux autres articles sur des sujets voisins de celui-ci :

Le point le plus délicat concerne les carences indirectes. C’est le cas lorsqu’une plante manque d’un élément nutritif, non pas parce qu’il n’y en a pas suffisamment dans le sol, mais parce qu’un autre élément par son excès ou son absence empêche l’assimilation du premier. Nous en verrons quelques exemples ci-dessous.

Carence ou excès d’eau

La carence en eau est plutôt facile à détecter : les tiges ou les feuilles sont molles et retombent. Le sol est sec, non seulement en surface, mais aussi au niveau des racines. La solution est simple : arroser !

L’excès d’eau est plus grave que l’insuffisance. On résume cela en disant qu’il est plus facile d’ajouter de l’eau à une plante que de lui en enlever. L’excès d’eau se manifeste par la pourriture des racines, les feuilles jaunissent et tombent. Pour tenter de sauver la plante, trois techniques :

  • arrêter les arrosages le temps que les choses se rétablissent. Cela ne convient que si l’excès d’eau est de peu d’importance
  • dépoter et installer la motte dans de la tourbe sèche afin qu’elle absorbe l’excès d’humidité.
  • changer le substrat et replanter dans de meilleures conditions après avoir coupé le bout des racines.

Tout ceci ne marche que si l’on n’intervient pas trop tard.

Lumière insuffisante

C’est assez fréquent pour des plantes d’intérieur ou de serre, mais c’est possible aussi pour des plantes qui, à l’extérieur, sont trop ombragées par des plantes voisines. C’est particulièrement mauvais pour de jeunes semis faits sous abri.

L’insuffisance de lumière se manifeste par des tiges grêles, anormalement longue. La plante s’épuise à pousser en hauteur pour tenter de trouver la lumière dont elle a besoin. Il arrive aussi qu’elle se développe de manière déséquilibrée, le côté à la lumière étant bien plus développé que le côté à l’ombre.

Parmi les solutions :

  • rapprocher la plante au plus près d’une source de lumière naturelle, surtout en hiver.
  • tourner régulièrement les plantes pour que chaque face bénéficie de la même quantité de lumière.
  • planter à l’ombre les plantes d’ombre et au soleil les plantes de soleil.
  • installer des lampes avec des ampoules “lumière du jour”.

Carence ou excès d’azote

L’azote est l’élément nutritif qui fait le beau développement du feuillage. Si l’azote est insuffisant, le feuillage pâlit, voire jaunit de manière plutôt uniforme, surtout sur les feuilles du bas et les plus anciennes, car le peu d’azote disponible est octroyé prioritairement aux jeunes feuilles. Le feuillage se développe peu. La plante n’est pas “poussante”. Vous pouvez apporter de l’azote de plusieurs manières. Tous les engrais complets en contiennent. Choisissez plutôt des engrais organiques, type sang desséché qui aura un effet immédiat. Pour des solutions à plus long terme, apportez de la matière organique à votre sol : voir pour cela l’article sur les engrais organiques.

Attention toutefois à bien anticiper : le paillage d’un sol avec du BRF (Bois Raméal Fragmenté) par exemple va déclencher une phase de décomposition de la matière organique qui sera à terme très profitable pour votre sol et pour vos plantes, mais elle passe par une phase de consommation d’azote, qui peut provoquer pour les plantes en place une faim d’azote. L’idéal est d’avoir, au préalable, enfoui des engrais verts qui fourniront l’azote nécessaire.

L’excès d’azote n’est pas bon du tout. Il pollue l’environnement, d’autant que l’azote étant très facilement soluble dans l’eau, une pluie le lessivera et l’emportera en aval. Les plantes se développent excessivement en feuillage trop tendre, et deviennent vulnérable aux maladies et aux pucerons. La production de fleurs et de fruits sera réduite, voire inexistante.

Carence en phosphore

Le phosphore est indispensable pour une bonne floraison et une bonne fructification. Son insuffisance se manifeste aussi sur le feuillage qui prend des teintes pourpre ou violet. La croissance est ralentie.

Pour apporter du phosphore, vous pouvez mettre des farines de poisson ou de la poudre d’os, par exemple. Le fumier de lapin ou de volaille est également riche en phosphore. C’est aussi le cas du guano.

Il faut également savoir que le phosphore n’est assimilable que dans certaines conditions. Il ne suffit donc pas d’en rajouter. Il faut vérifier le PH : l’assimilation du phosphore est optimisée quand le PH est neutre. L’excès de sulfates ou de nitrates pénalise également l’assimilation du phosphore.

Carence en potassium

Cet élément renforce la résistance des plantes au froid, à la sécheresse et aux maladies. Il favorise le développement des organes de réserves (tubercules). S’il est insuffisant, le bord des feuilles va jaunir ou brunir et l’on verra parfois les feuilles s’enrouler par le haut. Ce sont les jeunes feuilles qui sont d’abord touchées. La carence en potassium se rencontre principalement en terrain sableux ou fréquemment arrosés.

On trouve de la potasse naturelle, on en trouve aussi dans les cendres de bois, dans le patenkali (qui apporte aussi de la magnésie).

Pour que le potassium soit bien assimilé, il faut une présence suffisante de phosphore et de magnésie.

Carence en magnésium

Le magnésium favorise l’assimilation des autres éléments nutritifs. Sa carence se manifeste par une forme de chlorose : les feuilles jaunissent entre les nervures, surtout les plus âgées.

On peut apporter du sulfate de magnésium, du patenkali, de la kiésérite ou du basalte broyé.

Attention, c’est parfois l’excès de calcaire qui rend le magnésium inassimilable. Dans ce cas, il faut cesser de chauler et ne pas arroser avec une eau calcaire. L’excès de potasse empêche également l’assimilation du magnésium. Dans ce cas, il ne faut pas apporter du patenkali, car vous apportez en même temps de la potasse.

Carence en calcium

C’est une carence plutôt rare qui se manifeste par le fait que les feuilles restent petites et parfois enroulées sur le bout, notamment chez les jeunes feuilles.

L’apport de calcium peut se faire par le chaulage. Ceci modifie par la même occasion le PH du sol qui devient moins acide.

Carence en fer

Cette situation concerne particulièrement les plantes acidophiles, c’est-à-dire les plantes de bruyère et se manifeste par une chlorose : les feuilles les plus jeunes jaunissent sauf les nervures qui restent vertes.

Le plus souvent, ce n’est pas le sol qui manque de fer, mais celui-ci est rendu inassimilable par un taux de calcaire trop élevé. Pour corriger cela, il convient d’apporter du chélate de fer, qui aura l’avantage d’être assimilable par les racines, en veillant à le faire avec une eau non calcaire.

Carence en manganèse

Comme pour le magnésium ou le fer, cette carence se manifeste par une chlorose (jaunissement des feuilles, les nervures restant vertes). Elle touche d’abord les feuilles du sommet, par différence avec la carence en magnésium qui commence par la base. Elle se manifeste plutôt par taches, par différence avec la carence ferrique qui touche l’ensemble de la surface de la feuille, à l’exception toujours des nervures.

Ensuite, il faut essayer de comprendre si cela provient d’une insuffisance de manganèse dans le sol ou non. Une analyse de sol pourrait éclairer. Si c’est la cas, un apport d’engrais contenant du manganèse solutionnera le problème. Mais il peut aussi provenir d’un excès de fer ou de potassium qu’on ne peut corriger qu’en cessant d’apporter ces derniers éléments et en attendant que le lessivage du sol en réduise l’excès.

Carence en bore

Cette carence se manifeste par une croissance ralentie, par des crevasses, des nécroses.

Il faut faire un apport d’oligo-éléments, ce qui permettra de fournir du bore aux plantes, mais aussi de nombreux autres éléments utiles (zinc, cuivre, soufre, molybdène, chlore …).

PH trop élevé

C’est le risque des terrains calcaires, milieu dans lequel les plantes dites de terre de bruyère vont faire une chlorose ferrique (voir carence en fer).

Pour corriger cela, on peut faire des apports de terre de bruyère, de tourbe, de terreau de feuilles. On peut faire des paillages à base d’écorce de pin ou d’aiguilles de pin, mais l’effet ne sera pas immédiat. Il faut surtout éviter d’arroser avec une eau calcaire.

PH trop acide

Un PH trop bas (acide) pénalise l’assimilation des éléments nutritifs majeurs.Le PH d’un sol a naturellement tendance avec le temps à s’acidifier.

Pour relever le niveau de PH, on peut faire des apports de chaux (chaulage). On peut aussi épandre de la cendre de bois, du goémon, du maërl.

Si cet article vous a été utile, si vous n’êtes pas d’accord, s’il vous inspire des commentaires, s’il suscite des questions ou des demandes de précision, bref si vous avez envie de réagir d’une manière ou d’une autre, n’hésitez pas une seconde, écrivez-moi dans la zone de commentaires ci-dessous.

Cet article a 18 commentaires

  1. cat

    J’ai fait une erreur en me trompant de dosage de fer pour un petit kaki en pot.
    J’en ai bien trop mis…
    Que faire?
    Arroser et rempoter?
    Merci

    1. Bernard

      Il vaut mieux rempoter

  2. RAFFARD

    Pourriez-vous m’indiquer pourquoi mon troène de Chine se fane les feuilles perdent leurs couleurs. Merci

    1. Bernard

      Peut-être un excès d’humidité ?

  3. Glomion

    Bonjour, j’ai eu des feuilles de tomates qui sont roulaient sur elles-mêmes, et certaines feuilles de tomates devenait jaune et brun non pas sur le bord mais au centre surtout. Depuis que j’ai arrosé avec 10 g de cendres par pied, je n’ai plus ce phénomène, donc ça devait bien être une carence en potasse.

  4. Tomkat

    Bonjour Bernard

    Peut on ajouter une photo du problème pour bénéficier de vos conseils?

    1. Bernard

      Oui, bien sûr.

  5. Kiki

    Bonjour, j’ai beaucoup aimé votre article, bravo !
    Je suis débutante dans les jardins surélevé. J’ai 2 petits boîtes pas très grandes, 4 pieds par 2 pieds et 2 pieds de haut. C’est ma deuxième année, et vraiment, les récolte n’ont pas été très grosses. Je suis déçue. Nous avons eu beaucoup de pluie au Québec et je pense que tout les nutriments ont été laver. D’après vos informations, je pense que c’est ça, je suis pas certaine, mais ça ne m’étonnerais pas, car j’ai un bon drainage aussi ! J’ai commencé à mettre de l’engrais liquide organique plus vers la fin juillet août. Question, combien d’engrais je devrais mettre pour cette grosseur de boîte ?
    Encore merci de votre article, je la garderai dans mes favoris 👍

    1. Bernard

      Bonjour,
      Une poignée suffit. Il vaut mieux en remettre de temps en temps que d’en mettre beaucoup en une seule fois, même si avec l’engrais organique on évite les risques de brulures.

  6. Talom jean

    C’est très instructif

  7. FranckO

    Très bon article! Je vais me faire des panneaux dans le potager en écrivant le nom de la carence et le purin ou autre à apporter pour y remédier.
    J’essaie différente choses, butte, paillages différents, différentes lasagnes, 18jours… et j’ai certains de ces problèmes. Merci encore!

  8. Binamé Jean-Pierre

    Je suis envahi de liseron, ce qui indiquerait un excès d’azote. Que faire?

  9. Julien

    Bonjour

    J’ai créé une nouvelle parcelle potager en automne et étant novice à ce moment là, je l’ai laissée nue tout l’hiver ( terre très lourde et argileuse) en février, j’ai coupé mes hortensisias et broyé les branches afin de faire du brf. J’ai planté dans la parcelle mais les plants végètent. D’après ce que j’ai lu, il se produit le phénomène de faim d’azote?
    Je précise que j’ai du mettre trop de brf : env 15 cm d’épaisseur.

    J’essaye de traiter le problème en faisant des arrosages réguliers au purin d’ortie et de consoude maison.

    Bonne journée

    1. Jacqueline Merlin

      Naturellement nous vivons dans les endroits où il y a le plus à manger ! Les plantes aussi se développent le plus dans des terres fertiles. Quant au liseron il est relativement facile à maîtriser : au printemps, dès qu’une pousse verte apparaît, un petit coup de bêche (sans se baiser) pour la décapiter. Vous faites régulièrement le tour de votre jardin en avril-mai et puis encore en septembre. Au bout de trois ans vous en serez quasi débarrassé (hormis quelques semis). Le plus ennuyeux sont les coquins qui arrivent à se loger sous les arbustes : une seule solution : les ôter à la main.
      Inutile de s’esquinter à enlever tous les rhizomes blancs : le remède est pis que le mal car vous n’arriverez jamais à extraire la totalité de la “ficelle” qui se casse mais pis vous réveillez un oeil dormant à l’autre extrémité !

  10. Nicolas

    Et si le sol est déjà trop azoté? terrain vague, en pente, près de l’autoroute, argileux, plein de pissenlits, marguerites et trèfle… une partie plein soleil, la pente elle, sous des épinettes (là, il ne pousse rien!)… je voudrais faire un potager en haut, c’est dur dur quand il fait soleil et de la boue quand il pleut! que faire pour améliorer le sol maintenant en préparation pour le printemps prochain? Merci

    1. Bernard

      Dans la mesure où votre sol est en pente, la première chose à faire serait de l’aménager en terrasse. La deuxième chose à faire, du fait que votre sol est argileux serait de le décompacter grossièrement avant l’hiver avec une grelinette. Le gel hivernal aidera ensuite à briser les mottes. Enfin, au printemps, après avoir ameubli votre terre à nouveau avec une grelinette, il conviendra de pailler abondamment pour améliorer progressivement la structure de votre sol. Il sèchera moins au soleil et sera moins boueux en cas de pluies.

  11. Aline

    Merci pour cet excellent travail d’information, complet et très utile.

  12. racy

    Quels sont les effets d’un excès de fer dans l’eau sur les plantations ( exemple 1mg/L au lieu de inférieur à 0.3 mg/L selon directive OMS

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